Pour une écologie du lien social
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Réussir la France sociale pour réussir l'Europe sociale
Escroquerie et ignorance
Congrès des 5 continents : pour une écologie du lien social 19-22 Octobre 2011 à Lyon
http://www.congresdescinqcontinents.org/fr/pages/5-continents-lyon-2011-patrocinadores
DECLARATION DE LYON
QUAND LA MONDIALISATION NOUS REND FOU
POUR UNE ECOLOGIE DU LIEN SOCIAL
Les signataires de cette déclaration, réunis en Congrès des 5 Continents sur les effets de la
mondialisation sur la santé mentale, experts pluridisciplinaires en santé mentale en même temps
que citoyens du monde, appellent à une prise de conscience des effets psychosociaux de la
mondialisation et des principes et conséquences qui en découlent.
1-PREAMBULE SOUS FORME DE GLOSSAIRE
Certains mots doivent être précisés pour éviter les malentendus : mondialisation,
psychosocial, santé mentale, précarité, souffrance, écologie des liens sociaux.
1-1 La mondialisation associe deux processus différents et intriqués :
- un processus de très longue période qui résulte de la croissance des flux migratoires, des
échanges humains, commerciaux et d’informations à travers les frontières physiques et
politiques. Les échanges culturels se sont intensifiés depuis le milieu des années 80 avec la
révolution numérique jusqu’à la dimension d’un village planétaire où « l’autre est mon
voisin ». C’est une véritable conscience mondiale qui émerge aujourd’hui, revendiquant une
meilleure gouvernance et une nouvelle citoyenneté, sans exclure les identités nationales et
régionales. Le risque est celui d’une solidarité abstraite et vide. Ce défi est périlleux mais
vital à relever.
- ce premier processus est à distinguer du second qui est constitué par la prédominance de
l’économie de marché soumise au seul profit, nommément le néo-libéralisme ; le
mouvement a émergé à la fin du XIXème siècle et s’est accéléré à la fin de la seconde guerre
mondiale. Le marché est supposé rationnel et l’Etat devrait se cantonner à une intervention
minimale, sans régulation. Une idéologie se construit où seule l’initiative individuelle devient
le pivot de la richesse des nations comme de leur malheur. Cette dérégulation est
démultipliée par l’accélération des flux des nouvelles technologies en information et en
communication, du fait du premier processus, mais elle domine le monde par la cupidité
sans contrôle de ceux qui sont aux manettes ; déconnectée de l’économie réelle et du
pouvoir politique, elle n’a pas d’horizon temporel ni social.
Ces deux niveaux de processus ont des effets psychosociaux dont il convient de reconnaître
les effets fastes et néfastes en termes de santé mentale.
1-2 Les effets psychosociaux : le qualificatif psychosocial souligne l’interaction
normalement indissoluble entre ce qui revient à la part du sujet et ce qui revient à la vie
sociale. En ce sens, les effets de contexte, et en tout premier lieu celui de la mondialisation,
affectent simultanément le sujet individuel et le lien social. Ces effets favorables ou
défavorables en termes de santé mentale constituent l’orientation principale de la
Déclaration de Lyon.
1-3 La santé mentale : au sein d’une société de plus en plus individualiste dans ses aspects à
la fois promotionnels et atomisant, les effets psychosociaux concernent nécessairement la
santé mentale de tous. Elle ne se limite donc pas ici à la prévention et à la prise en charge
des troubles mentaux traités habituellement par la psychiatrie, qui restent essentielles ;
elle ne se limite pas davantage à promouvoir les droits des personnes handicapées, ce qui
reste non moins essentiel ; mais elle considère les effets psychosociaux de la mondialisation
sur l’ensemble des citoyens du monde dans les divers aspects de leur vie. La mondialisation
nécessite une approche systémique et globale de la santé qui doit aussi prendre en compte
les différences de pays, de région, de culture.
1-4 Le mot précarité n’a pas seulement la signification négative qui lui est ordinairement
attachée, synonyme d’incertitude, de risque de catastrophe, de pauvreté. Il est intéressant
d’évoquer le fait que, dans la plupart des langues d’origine latine, précarité vient du terme
latin precari qui signifie : dépendre de la volonté de l’autre, obtenir par la prière. L’état de
précarité, dans ce sens, est antagoniste et complémentaire de l’autonomie. Il signifie une
dépendance à respecter, évidente chez le bébé même si l’on reconnait ses compétences ;
non moins évidente chez la vieille personne mais aussi à tous les âges de la vie. Les situations
de maladie, de traumatisme, de fragilité particulière augmentent le niveau de précarité qui
signifie tout simplement et positivement : avoir absolument besoin de l’autre, des autres,
pour vivre. Dans cette perspective, on peut parler d’une saine précarité définie par le besoin
d’un support social à tous les âges de la vie, dans la réciprocité de l’échange. Par rapport à la
notion utile de vulnérabilité, celle de précarité a le mérite précieux, en cette époque
individualiste, d’inclure l’autre, les autres, dans sa définition.
1-5 La souffrance : les situations de précarité sont nécessairement ambivalentes en ce
qu’elles produisent aussi bien de la sécurité et du plaisir que leur contraire. C’est pourquoi la
souffrance est une réalité du sujet humain, sans préjuger de son avenir ; elle peut apparaitre
sur la scène sociale ou rester dans l’intériorité ; elle s’accroit lorsque les conditions de la
confiance sont attaquées.
1-6 L’écologie du lien social constitue l’horizon de la Déclaration de Lyon, son objectif : à
quoi servirait de sauver la planète si les humains eux-mêmes disparaissaient en tant que
chacun d’entre eux est un être social ? La vie sociale des êtres humains devient un enjeu
majeur.
L’orientation du congrès des cinq continents, et de cette déclaration qui le conclut, est
d’examiner attentivement en quoi les aspects néfastes de la mondialisation mettent en péril
les situations ordinaires de précarité, et d’en tirer les conséquences pratiques pour favoriser
des effets viables et durables en termes d’écologie humaine.
2 - DECLARATION DE PRINCIPE
2-1 Les êtres humains, libres et égaux en droit, naissent et demeurent précaires tout au long
de leur vie dans la mesure où ils ont absolument besoin d’autrui pour vivre.
2-2 Cette précarité native est l’un des moteurs du maintien de la vie grâce aux liens
interhumains, familiaux et sociaux ; elle s’oppose à l’exclusion.
2-3 Cette précarité native ne doit pas être confondue avec le seul sens négatif qui lui est
ordinairement attaché. Elle ne doit pas non plus être assimilée à la pauvreté, bien qu’elle lui
soit souvent associée.
2-4 Les conditions qui favorisent des liens humains suffisamment confiants constituent la
base d’une saine précarité et concernent toute personne en charge sur le plan social,
économique et politique ; elles impliquent la justice et l’équité, et donnent force au
sentiment personnel d’une maitrise de l’avenir auquel chacun peut activement participer.
2-5 L’ignorance de ces conditions est aussi néfaste à l’individu et à la société que celles
touchant aux atteintes de la liberté et de la sureté, elle fait violence aux personnes. Toutes
les violences ne sont pas du registre d’une cruauté « chaude », comme la torture, par
exemple : il faut savoir reconnaitre les cruautés « froides », de plus en plus importantes, du
registre du mépris social, de la disqualification et de l’exclusion.
2-6 Les contextes sociaux, économiques et politiques sont susceptibles de faire basculer
massivement les liens humains du côté de la méfiance, entrainant alors une précarité
négative, avec des effets péjoratifs sur la santé mentale. Ces effets portent sur le rapport à
soi, à la famille, aux groupes humains et sur le rapport crucial à l’avenir. Ces effets peuvent
être décrits de diverses manières, notamment qualifiés de dépression, de repli sur soi,
d’atomisation des individus, de paranoïa sociale, de disparition de tout projet d’avenir autre
que catastrophique.
2-7 Ainsi le respect effectif de l’écologie du lien social fait intégralement partie des
déterminants sociaux de la santé mentale ; cette écologie du lien social doit être envisagée
dans une acception systémique et globale, non réductible aux symptômes et aux désordres
traités par la psychiatrie.
2-8 Dans cette perspective, une santé mentale suffisamment bonne peut être définie
comme suit :
- la capacité de vivre avec soi-même et avec autrui, dans la recherche du plaisir, du
bonheur et du sens de la vie,
- dans un environnement donné mais non immuable, transformable par l’activité
des hommes et des groupes humains,
- sans destructivité mais non sans révolte, soit la capacité de dire « NON » à ce qui
s’oppose aux besoins et au respect de la vie individuelle et collective, ce qui
permet le « oui »
- ce qui implique la capacité de souffrir en restant vivant, connecté avec soi-même
et avec autrui.
2-9 A ce moment de l’histoire humaine, le contexte social, économique et politique est celui
de la mondialisation. Nous devons affirmer sa forte potentialité à rendre les humains fous
d’angoisse et d’incertitudes quant à la fiabilité des liens sociaux ; il affecte les assises
symboliques des cultures et des personnes, il affecte la notion même d’avenir et de projets
porteurs de sens. En tout cela il est antagoniste aux droits de l’Homme.
3 - RECOMMANDATIONS
Les signataires de cette déclaration, réunis en Congrès des 5 Continents sur les effets de la
mondialisation sur la santé mentale, experts pluridisciplinaires en santé mentale en même
temps que citoyens du monde :
3-1 Demandent que soit reconnue l’importance d’une santé publique qui intègre les effets
psychosociaux liés au contexte social, économique et politique, dans le cadre de pratiques
de santé mentale concrètes et solidaires, dans le respect de la dignité des personnes.
3-2 Insistent sur la responsabilité de toutes celles et ceux qui, à des titres divers, sont en
charge d’une écologie humaine fondée sur une saine précarité des liens humains, aussi vitale
que l’air que l’on respire ou que l’interdiction de la torture, de l’esclavage et de l’oppression.
On doit avoir à répondre de cette responsabilité (2-4, 2-9).
3-3 Demandent aux responsables politiques et économiques que ces effets de contexte
soient intégrés dans la refondation d’une gouvernance financière globalisée et durable,
sous contrôle du politique afin de permettre aux banques de jouer leur rôle de soutien de
l’économie réelle, de l’emploi et de l’innovation technologique. Cela nécessite une
régulation exercée par le pouvoir politique.
3-3 bis Insistent pour que cette régulation s’exerce effectivement au niveau des systèmes
financiers dérégulés et des pulsions de cupidité de ceux qui sont aux manettes, comme un
principe de civilisation pour tous ; faute de quoi, si ce principe impératif n’est pas exercé à
la bonne place, il se déplace d’une maniéré éhontée au détriment des personnes, surtout les
plus vulnérables et les plus marginales, en les stigmatisant, selon le principe idéologique que
seule l’initiative individuelle est le pivot de la richesse, et en l’occurrence, du malheur des
nations (cf 1-1).
3-4 Sachant qu’à ce jour il n’y a pas d’espace public mondial qui puisse objectiver, mesurer
et qualifier les effets psychosociaux défavorables de la mondialisation, proposent
d’instaurer une organisation internationale pérenne, amorcée par le congrès des cinq
continents. Il s’agit de soutenir cette préoccupation vitale d’une écologie des liens humains
auprès des décideurs économiques et politiques afin que les principes de gouvernance, les
lois et règlements tiennent compte de ce qui est faste et néfaste aux liens sociaux.
Ils proposent à cette fin de constituer un Observatoire International sur la Mondialisation
et l’Ecologie humaine ; son but sera la recherche, les échanges et les propositions
concernant les problèmes de précarité et de souffrance mentale liés aux effets aliénants de
la financiarisation et de la marchandisation du monde.
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OCHLOCRATIE des "indignés" : De la "dictature du prolétariat à l’alterdémocratie et la "démocratie participative et populaire" (DPP).
Ochlocratie ou la "dictature du prolétariat"
Reprenant une terminologie ancienne mais dépouillé de ses préjugés on peut dire que l’ochlocratie est le régime politique qui assure le pouvoir du groupe majoritaire (celui du peuple-classe) alors que l’oligarchie est le pouvoir d’un groupe minoritaire (la bourgeoisie comme classe dominante).
voir la suite http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1882