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A propos des "réformes" de l'école

L'ECOLE INSTRUIRE ET EDUQUER ! Par Caro Claude, pour l'U Pop

Eduquer : mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d'un être humain et ces moyens eux-mêmes, nous dit le Robert.

Le nouveau ministre (mais vieux fonctionnaire de l'E N), du président nouveau, met en avant l'instruction, et, dans l'instruction, l'intensification des apprentissages pratiques, dès l'école élémentaire.

Tel est l'objectif avoué et immédiat des instructions ministérielles :

  • le dédoublement des CP dans l'éducation prioritaire. Objectif : 100% de réussite fin CP, soit, fin décembre être en mesure de manifester les compétences attendues !

  • Dénonciation du pédagogisme et de l'égalitarisme, pour « donner plus à ceux qui ont moins » comme si l'enfant était un vide à remplir !

  • Imposition d'une méthode d'apprentissage « pour la lecture, l'écriture, le calcul : pour la lecture, on s'appuiera sur les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas sur la méthode globale dont « tout le monde »(?) admet aujourd'hui qu'elle a eu des résultats tout sauf probants ». « Pour les mathématiques, on pourra s'intéresser à ce qui se passe à Singapour ».

Outre les simplifications abusives et démagogiques du ministre qui vient d'obtenir la démission du directeur des programmes, comment peut-on imaginer instruire sans éduquer, sinon parce que l'on ne conçoit l'école que comme le lieu de l'apprentissage « bête et méchant » à un savoir minimum garanti pour « rendre les élèves capables de s'adapter tout au long de leur vie » en les aidant à développer les compétences (?) qui leurs seront indispensables (donc de favoriser la maîtrise des nouveaux outils de communication en mettant les richesses du multimédia à leur disposition !).

Ainsi, l'idéologie du « progrès », réduite à la promotion des NTIC, et d'une pensée scientifique conçue comme seule source de vérité, soutiennent-ils l'adaptation de l'école au devenir non maîtrisé d'un développement non-humain, tel que l'imaginent les tenants d'un scientisme technologisé.

A l'heure où il faudrait « sortir le l'économisme de nos esprits » le gouvernement Macron-Philippe-Blanquer poursuit la subordination de l'école aux mécanismes du marché, à la marchandisation du savoir, à la convoitise du monde privé sur la fonction éducative de l'école et surtout à l'instauration de la logique du privé dans l'école publique, ceci, dès l'école élémentaire : liberté de recrutement pour les chefs d'établissement des équipes pédagogiques partageant un projet éducatif, rémunération au mérite...hots-spots-internats pour ne pas avoir à se poser les questions de la ségrégation sociale liée au lieu d'habitat, aux déterminismes socio-culturels. Projets à venir s'il n'y a pas de résistances à ce qui s'impose aujourd'hui, au nom du « progressisme » que, pour notre part nous ne confondons pas avec ce qui devrait devenir l'éducation nationale : la formation pluridisciplinaire, voire interdisciplinaire indispensable aux humains de demain.

Car, au-delà des dispositions techniques, c'est bien la question de la finalité du système éducatif qui est posée : celle de l'instrumantalisation de l'école au lieu et place d'une fonction qui viserait à aider les individus à se doter des instruments de compréhension, des savoirs argumentés, démonstratifs, ainsi que la faculté de construire les concepts et les problèmes auxquels ils seront confrontés tout au long de leur vie dans un monde en mutations permanentes que l'école macronienne manifestement ne pense pas !

L'ecole macronienne n'échappe pas à la politique d'adaptation au vieux monde de la valeur marchande.

S'y opposer relève du salut public !

A Carcassonne Octobre 2017.

LES NEUROSCIENCES : un outil pour l'ECOLE ?

Depuis, avec détermination, le gouvernement Macron-Philip-Blanquer met en œuvre une politique fondée sur les travaux d'un nouveau « conseil scientifique de l'E N présidé par Stanislas Dehane dont l'objectif est « tenter de dégager des facteurs qui ont prouvé leur effet bénéfique sur l'apprentissage des enfants ». Ce qui fait problème, c'est que six des membres de ce conseil appartiennent aux sciences cognitives. Alors que pour tous les pédagogues, enseigner est un art et non une science, les partisans des sciences cognitives sous-estiment l'environnement social et culturel dans lequel vivent les enfants comme leurs capacités à se construire et construire leurs savoirs par leur activité, pour peu que la pépagogie adoptée les associe à cette élaboration.

Or, ce que nous savons des « scientistes » sur les projets fondés sur les neurosciences, c'est qu'il s'agit d'avancer à marche forcée vers la mise en œuvre de programmes éducatifs à forte connotation idéologique, comme l'a dénoncé Mr Lussault, ancien président du CSP, démissionnaire.

EN QUOI DONNER TROP DE PLACE AUX NEUROSCIENCES EST-IL DANGEREUX ?

Pour le professeur Olivier Houdé, psychologue du développement, après avoir fait référence aux travaux de Mr Binet (QI), qu'il considère comme scientifiques, cet éminent personnage nous dit : « aujourd'hui, avec les progrès fulgurants et combinés de l'informatique (dont l'intelligence artificielle), des sciences cognitives et de l'imagerie cérébrale, on peut produire sur ordinateur des images numériques tridimentionnelles reliées à l'activité des neurones en tout point du cerveau de l'adulte ou de l'enfant, en particulier, au cours des apprentissages cognitifs... ». reconnaissant malgré tout que « notre cerveau est cognitif mais aussi émotionnel et agit en relation avec son environnement social », il ajoute : « Sans toutefois céder à une vision trop scientiste et naïve, voire idéologiquement dangereuse, d'une technoscience de l'éducation parfaitement contrôlée et controlable, on ne peut refuser l'idée qu' une recherche pédagogique nouvelle, exploitant les ressources actuelles de l'imagerie cérébrale et de la psychologie expérimentale, puisse éclairer certains mécanismes neurocognitifs élémentaires d'apprentissage dont dépendent des phénomènes éducatifs, sociaux et culturels plus complexes. Avec l'imagerie cérébrale, ceque l'on découvre aujourd'hui est la structure et le fonctionnement du cerveau qui apprend. Or, ce cerveau, « théâtre de l'éducation », lieu de toute synthèse individuelle ou collective, est l'angle mort de l'éducation nationale. En 2018, on éduque encore trop souvent « en aveugle »des millions de cerveaux, c a d en manipulant les enfants et en observant les sorties, sans bien connaître les mécanismes internes du cerveau qui apprend ».

Ce professeur de psychologie du développement, prenant acte du fait que les sciences de l'éducation ne seraient pas assez ouvertes aux apports des sciences cognitives ou qu'elles ne prendraient pas assez en compte ce que les technologies peuvent nous apprendre, plaide pour une orientation plus scientiste.

Pour sa part, le psychanaliste Gérard Pommier s'inquiète de la faible présence des enseignants et sociologues au sein de ce conseil scientifique.

Disant : « il faut le dire : il n'existe à ce jour aucune preuve génétique, neurodéveloppementale ou héréditaire de la souffrance psychique et des difficultés d'apprentissage. En revanche, il existe des preuves surabondantes des déterminations familiales et socioculturelles comme facteurs majeurs des difficultés scolaires. C'est aux sociologues, aux spécialistes de la souffrance psychique...et surtout aux enseignants qu'un conseil de l'éducation nationale devrait donner priorité : ils en sont largement absents ».

A cette sorte de position en porte à faux s'ajoute : les neurosciences sont utilisées y compris par le sîte de l'E N comme ayant la capacité de diagnostiquer les troubles de l'attention/hyperactivité, annoncés comme « maladies neurodéveloppementales ». ce diagnostic peut déboucher sur l'administration de Ritaline, une drogue provoquant une accoutumance !...

«  Alors, si vous avez des enfants d'âge scolaire, et si leurs enseignants répondent déjà aux directives qui leurs sont recommandées, vous comprendrez quelles souffrances supplémentaires cela leur inflige. desm »thodes éducatives pénibles ont presque toujours été infligées aux enfants au nom de la morale ou de la religion. Mais c'est la première fois que cela se fait au nom d'une « science » (de plus dévoyée).

Ce révélateur d'une volonté ségrégative est encore plus brutal puisqu'il s'appliquera au nom des neurones, de gènes, d'hormones, qui n'en feraient qu'à leur tête. C'est une dépersonnalisation jamais vue. Ce choix est politique : il sélectionne à l'avance son marché de l'emploi. Il n'est pas fait pour aider, mais pour cautionner. Et plus profondément, il semble bien révéler l'esprit d'une époque qui a perdu espoir en son humanité ».

Pour notre part, parents ou grands-parents, citoyennes et citoyens, nous ne pouvons un seul instant penser que nos petits-enfants ou enfants sont soumis à un tel déterminisme social, physiologique, physique, héréditaire ! Si tel était les cas, nous n'aurions pas pu nous-mêmes nous émanciper de nos milieux ouvriers originaires et immigrés.

Nous pensions qu'une telle vision de la femme et de l'homme étaient dépassés. Nous avons eu tort.

Ce retour en force des conceptions scientistes portées par un pouvoir qui se veut philosophe nous montre que la « bataille des idées » redevient une nécessité.

Nous invitons toutes celles et ceux pour qui l'avenir s'écrit avec des idées neuves et non déterminations génétiques à se mobiliser pour faire échec à l'entreprise de régression conduite par des idéologues régressifs !

Les droits de l'enfant existent

Chers amis,
A Paris, on nous annonce que plus d'une centaine d'enfants mineurs, sans protection, sont dans la rue, livrés à eux-mêmes, sans toit, et actuellement cruellement exposés au froid...
Cette situation n'est hélàs pas exceptionnelle et un peu partout, en France et dans le monde, des enfants sont en souffrance... Pourtant, ils sont protégés par la Convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989 qui leur reconnaît les droits les plus élémentaires et vitaux nécessaires à leur vie quotidienne...
Alors, une remarque liminaire s’impose ici. Il est assez paradoxal que la convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE) soit si peu connue et si rarement évoquée [1] dans une société où l’enfant est affectivement et socialement au centre des préoccupations des adultes, alors même qu’en France, de 2000 à 2011, nous avons connu une autorité spécifique appelée « Défenseur des enfants » avant que notre actuel Défenseur des droits [2] – succédant au Médiateur de la République à partir du 31 mars 2011 - ne soit également chargé, à partir du 1er mai 2011, de la prise en charge de la défense des droits des enfants. Voir la suite http://www.ideesaisies.org/1589-2/

ça bouge avec Liens en Pays d'Oc !

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